En cas de rhume, le Pr Molimard conseille de vapoter un e-liquide à saveur de menthe ou d'eucalyptus, sans nicotine bien sûr pour ceux qui ne fument pas (article blog Mediapart).

Qu’est-ce que le propylène glycol ?

Le 1.2-Propanediol, dénommé propylène glycol (PG) ou monopropylene glycol en anglais (MPG), est obtenu grâce à un procédé chimique ou fermentaire (pour le végétal). Les spécifications de la molécule sont identiques quelle que soit l'origine des matières premières, la différence tenant au circuit de fabrication

Il existe deux qualités de PG :

- De haute pureté et respectant toutes les spécifications en vigueur des pharmacopées des Etats-Unis ou d’Europe, qui est la qualité PE ou USP

- De qualité industrielle

Les dérivés du propylène et du glycérol sont nombreux. On ne parlera ici que du PG de qualité PE ou USP, composant de base de la plupart des e-liquides de nos cigarettes électroniques.

Le propylène glycol se présente sous la forme d'un liquide clair, faiblement visqueux à température ambiante, incolore et pratiquement inodore, au goût légèrement âcre. Il est fortement hygroscopique (absorbe l'humidité de l'air), peu volatil, et miscible à l’eau et à de nombreux solvants organiques .

Quelles sont ses utilisations ?

Les propriétés du propylène glycol sont aussi multiples que ses applications : il est abondamment utilisé par les industries comme excipient, solvant, émulsifiant, humectant, émollient, agent de conservation, en tant qu'ingrédient alimentaire, pharmaceutique, cosmétique...

Pour ne citer que quelques exemples, on trouve ainsi du propylène glycol dans les plats préparés, sauces et assaisonnements, en tant que support d'arômes et colorants, dans les formulations médicamenteuses orales, injectables et topiques, dans les produits de beauté et d'hygiène, dans le tabac..

Dans la plupart des e-liquides, il sert de diluant, aide à réguler la température de vaporisation, et permet, en piégeant une partie des molécules voisines, la diffusion de la nicotine et une bonne restitution des arômes. Il permettrait également de contribuer au « hit » (contraction du larynx recherchée par le fumeur).

Quels sont ses effets sur la santé ?

A la suite de son absorption par le corps par inhalation, ingestion ou injection, le PG est oxydé dans le foie et transformé en acide lactique, puis en acide pyruvique, sources d'énergie temporaires naturellement présentes dans l'organisme. Les tests ont démontré que la majorité du PG est éliminée du sang au bout de deux heures et définitivement du corps humain au bout de quatre heures. La partie non métabolisée est excrétée par voie urinaire.

L'INRS indique que le PG n'est pas classsé cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction (CMR) et souligne sa faible toxicité intrinsèque.

Chez les personnes sensibles ou intolérantes, le propylène glycol peut s'avérer irritant, desséchant pour les muqueuses et éventuellement responsable de réactions allergiques.

Dans des conditions expérimentales, une inhalation pendant une heure d’un aérosol contenant 10% de Propylène Glycol ne provoque aucun effet sur les sujets exposés. Une exposition d’une minute dans une atmosphère contenant une concentration importante de PG dans l’air (309 mg/m3) provoque une irritation oculaire et respiratoire.

Sur les animaux, les tests réalisés ne recensent que quelques effets secondaires.

Aucune valeur limite d’exposition professionnelle dans l’air n’est fixée dans l’Union Européenne ou aux États-Unis.

La FDA Food and Drug Administration (FDA) américaine, quant à elle, qualifie le propylène glycol de substance Generally Recognised As Safe (GRAS) au regard des quantités consommées.

L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) signale un risque d'effet d’ébriété notoire, identifié par la mention « peut provoquer des symptômes semblables à ceux provoqués par l’alcool », assortie d’un seuil de 400 mg/kg pour les adultes (moitié moins pour les enfants).

Cette limite est quasiment impossible à atteindre avec la cigarette électronique, même pour un gros vapoteur, d'autant plus sous 4 h (durée de vie biologique du PG).

Une action antibactérienne et antivirale

Le Pr Molimard, professeur honoraire à la Faculté de médecine Paris-Sud, un des pionniers de la recherche en tabacologie en France, estime que le propylène glycol, reconnu comme efficace contre diverses bactéries et virus, associé à la cigarette électronique et par élévation de la température à l'entrée des fosses nasales, pourrait permettre de traiter les infections.

Selon lui, les e-cigarettes pourraient être plus efficaces qu'un appareil de l'Institut Pasteur (Rhinotherm®) ayant permis de traiter le coryza infectieux et d'améliorer des rhinites allergiques. Il rappelle le cas d'une femme non-fumeuse guérie d'une amygdalite récidivante, qui résistait à tout traitement, en utilisant la cigarette électronique de son conjoint, avec un liquide sans nicotine.

Voici quelques extraits de son document :

"Une des propriétés du propylène glycol (PG), composant essentiel du liquide, est très intéressante d'un point de vue épidémiologique. Pendant les guerres, un objectif essentiel est une protection bon marché des armées contre les épidémies, aussi bien venant des infections aériennes dans les baraquements que des éventuelles armes bactériologiques. Le puissant pouvoir antibactérien, antifongique et antiviral d'aérosols de propylène glycol était une approche stimulante. La vapeur de PG est très active pour la désinfection de l'air, en pénétrant les germes apportés par les gouttelettes de Pflŭgge et perturbant leur équipement enzymatique. Cet effet a été démontré expérimentalement dans des chambres closes, et les conditions optimales de cette activité ont été définies. Dans les conditions expérimentales utilisées, de nombreuses sortes de bactéries, pneumocoques, streptocoques hémolytiques, staphylocoques, haemophilus influenzae, etc., aussi bien que le virus de la grippe, quand ils sont pulvérisés dans des atmosphères contenant de telles vapeurs, sont tués si rapidement qu'aucun micro-organisme ou virus ne peut être retrouvé dans la chambre-test". Les chambres-test avaient 1m² su 2,5 m de hauteur. Des bouillons de cultures bactériennes étaient pulvérisés à l'intérieur. Les vapeurs de PG étaient obtenues par chauffage entre 70 et 80+C par un système de résistance très similaire à celui des e-cigarettes. Des souris étaient ainsi protégées contre l'infection par les pneumocoques.

Une stérilisation rapide et complète est observée pour des concentrations de vapeur de 1 g pour 2 à 4 m3 d'air. Les pneumocoques et haemophilus influenzae ont été tués pour des concentrations de PG aussi basses que 1 g pour 50 m3. La pression de vapeur du glycérol est 100 fois plus faible que celle du PG. Son aérosol n'a montré qu'un effet antiseptique léger. L'effet antifongique du PG a été aussi démontré. La vapeur est plus efficace que la même quantité de PG en aérosol. Paradoxalement, les germes cultivés dans un bouillon contenant de 5 à 15 % de PG poussent bien et conservent leur vitalité et leur virulence.

Des effets significatifs sur les infections aériennes ont été démontrés. La désinfection de l'air par des vapeurs de glycol dans une maison de convalescence pour enfants pendant 3 hivers consécutifs a montré la survenue de 132 infections dans les services témoins, contre 13 dans les services traités. Les aérosols d'acide lactique ont également un effet germicide. Le PG a été abandonné en tant que désinfectant de l'atmosphère, surtout parce qu'il était difficile d'en obtenir des concentrations suffisantes dans l'air ambiant de locaux ouverts aux quatre vents. Surtout, l'arrivée des antibiotiques, poussés par des intérêts industriels; a rendu moins crucial son développement. Malgré ces obstacles, il est encore reconnu pour désinfecter des surfaces à l'intérieur, et en solutions pour désinfecter les mains, en combinaison avec l'éthanol..."

"Selon les recherches de notre prix Nobel français A Lwoff sur les virus, un appareil a été développé conjointement par des équipes des instituts Pasteur et Weismann (Rhinotherm®). Il permet d'inhaler par les narines un air humidifié et chauffé qui augmente à 43°C la température de la muqueuse nasale, ce qui est susceptible d'inhiber un développement viral. Il a été testé sur 205 patients contre un appareil placebo. Trois séances de 30 minutes à 2-3 heures d'intervalle ont suffi à guérir 72 % d'un coryza infectieux, contre 18 % dans le groupe placebo11. (Tableau I et II). Une amélioration prolongée de rhinites allergiques persistantes a été également observée. Malheureusement, le succès commercial de cet appareil n'a pas suivi les attentes, peut-être parce qu'il pesait 3,5kg et coûtait environ 350 euros."

"La cigarette électronique combine les effets thermiques et ceux du PG. Elle pourrait être beaucoup plus efficace que les effets d'aérosols de PG, même dans des espaces clos, car elle amène une vapeur concentrée directement dans les voies respiratoires. De plus, leur température pourrait être proche des 43°C fournis par le Rhinotherm®. L'acide lactique qui provoque le "hit", cette irritation de la gorge qu'apprécient les vapoteurs, pourrait participer aussi à l'effet antibactérien. Cependant son pH très bas limite beaucoup l'absorption et la diffusion de la nicotine. "

Qu'on s'intéresse ou pas aux fumeurs, la cigarette électronique ouvre bien d'autres débats et perspectives utiles pour la santé d'aujourd'hui et de demain...